Depuis un an déjà, je regardais les possibilités d’aller dans les Bahamas. Au temps des fêtes derniers, il s’en est fallu de peu que l’on quitte notre cher Québec, pour la rencontre des eaux bahamiennes aux multiples teintes de turquoise. Après plusieurs jours de recherche sur l’hébergement, des appels passés là-bas (aux Exumas) à discuter avec un contact d’une connaissance, on abandonne l’idée. Même en voyageant le plus économiquement possible, nous arrivons à environ 2300$-2500$ par personne pour un voyage exploratoire.
Large plage du Viva Wyndham Fortuna Beach, Freeport.
Nous abandonnons le projet à regret nous disant que ce sera partie remise. En janvier dernier, je fouillais pour un client sur ma plate-forme de voyage pour la fin avril et je vois apparaître un tout inclus aux Bahamas à environ 1350$ par personne. Comme à mon habitude depuis que je suis dans le milieu du kitesurf, je m’empresse d’aller visualiser l’hôtel sur la carte. Il est situé au Sud-Est de l’île de Freeport. Par expérience, je sais que la dominante de vent en général dans les Caraïbes est un vent Nord-Est. Ce qui ferait que la position de l’hôtel Viva Wyndham Fortuna Beach ne serait pas favorable pour la pratique du kitesurf. Le vent serait coupé par l’île. Je visite tout de même Windguru et j’apprends que pour le mois d’avril et de mai, durant les 9 dernières années d’archives, le vent change de direction pour entrer Sud-Est en Avril et Est-Sud-Est en Mai. Donc, le plan est favorable dans ce cas-ci. Les kitesurfers pourront naviguer avec un vent « on-shore » ou « side-on ». Ce n’est pas un gros vent, entre 12-18 noeuds, mais il est présent à 75% du temps. Donc, pas si mal pour essayer les Bahamas en tout inclus dans un hôtel qu’ils disent fraîchement rénové.
Les blocs de chambres
Wax et moi, on pèse les « pour » et les « contre » car cette année, on décide de laisser tomber notre habituel voyage au Cap Hatteras en Caroline du Nord, pour essayer autre chose. On prend une chance, car les gens aiment bien aller aux OBX. Par contre, notre devise ne valant pas grand chose du côté américain, cela nous encourage à tenter le coup. Vous me direz qu’aux Bahamas c’est aussi le USD et vous avez raison, en plus du dollar bahamien. Par contre, le risque de surprise est moins grand en tout inclus, car il ne reste plus grand chose à débourser après cela.
Donc, suite à ma demande de soumission au grossiste Sunwing, ils nous informent qu’ils nous laisseront la chambre en occupation double à 1169$ par personne ce qui n’est pas pour nous déplaire du tout. Wax et moi on réussit à réunir 32 personnes partantes pour essayer ce nouveau spot. Des 32, nul n’est allé pour le kite du moins. Donc ce sera un essai pour tous. Normalement, nous allons toujours valider auparavant les conditions mais pour cette fois-ci, nous n’aurons pas cette chance! Nous nous croisons les doigts afin que tout fonctionne pour le mieux.
Le matin du 24 avril, nous embarquons dans l’avion vers les 5:45am car nous décollons très tôt de Pierre-Elliot Trudeau. 3:35 hres de vol selon les horaires. Wax et moi, comme à notre habitude, attendons à la porte d’embarquement que toutes nos ouailles passent dans l’avion. Mais quelle n’est pas notre surprise, lorsqu’un de nos amis nous revient catastrophé car les agents de bord à la porte l’empêchent d’embarquer. Surprise!! Mauvaise surprise devrions-nous dire! Son passeport est invalide depuis quelques mois déjà. Ne s’en étant jamais servi de sa vie, il n’a malheureusement pas eu le réflexe de vérifier cela lors de l’achat de son billet! Le plus étrange dans cet épisode, c’est que notre ami a réussi à déjouer tout l’aéroport avec un passeport échu! Vous vous souvenez que j’ai dit qu’il était rendu à la porte d’embarquement! Ce qui veut dire, qu’il a fait son inscription en arrivant au bureau de Sunwing, a passé le rayon-x avec les douaniers qui demandent eux aussi le passeport, quand même!! Une chance que l’on a pas affaire à Jason Bourne avec sa multitude de passeports truqués! 😉
Jason Bourne
Donc l’ami est plus que découragé lorsqu’il nous raconte qu’ils lui refusent l’accès et qu’il va devoir rester en sol canadien. Une agente de sécurité vient nous l’enlever à ce moment-là et elle lui explique qu’il doit lui donner son billet de bagages car ils vont retirer sa valise et son sac de sport de l’avion. Tous les bagages étaient déjà à l’intérieur de l’avion vous comprendrez! La dame de Sunwing invite au micro les derniers retardataires, dont on fait partie, à embarquer expressément. Nous quittons notre ami sur une drôle de note, inconfortables et immensément tristes de la situation. Aussitôt assise à ma place que mon cellulaire sonne. Voyant le nom de notre ami malchanceux, je m’empresse de répondre. Découragé, il me révèle que les bagages que l’agente de sécurité a sortis ne sont pas les siens, mais plutôt ceux de son ami avec qui il a fait son enregistrement de bagages. Ils ont inversé les bagages avec les noms des passagers. Je lui dis qu’à notre arrivée à Freeport, je prendrai contact avec lui et que l’on essaiera de voir les possibilités qui s’offrent à nous. En premier lieu, c’est certain que si l’idée de revenir fait partie de ses plans, un nouveau passeport est requis. Malheureusement, nous sommes dimanche, donc pas de passeport aujourd’hui. Il devra attendre le lendemain matin. Sur ce, on raccroche, ébranlés tous les deux. Ouf! Notre voyage de groupe commence fort. Et on est toujours sur le tarmac. Mais nous ne sommes pas encore au bout de nos peines…
Un agent de bord prend le micro et nous annonce que les bagagistes vont devoir sortir des sacs de sport de l’avion car nous sommes trop lourds pour décoller. On entend en sourdine, un soupir de découragement. Tous nos yeux sont rivés dans les hublots afin de voir si nous n’apercevrions pas nos équipements de kitesurf se faire retirer de la soute. Effectivement, on reconnait aux sacs, certains équipements que des amis n’auront malheureusement pas à destination. L’équipe Sunwing, nous assure que les bagages suivront en soirée ou au plus tard, le lendemain et qu’il y aura un dédommagement de 50$ par/jour pour les bagages manquants. Le mini vol d’à peine 3 heures s’effectue dans l’inquiétude pour plusieurs d’entre nous. Une semaine de vacance de kite puisée dans les 2 ou 3 semaines annuelles pour certains, se doit d’être une semaine de kitesurf. C’est le but du voyage.
Pour ma part, j’essaie de me vider l’esprit un peu durant le trajet car je sais qu’à destination, j’aurai à gérer la situation des équipements manquants avec le mécontentement parfaitement normal de nos clients, j’aurai à annoncer au compagnon de chambre de notre ami laissé à Montréal qu’il devra mettre du linge un point trop petit ne lui appartenant pas, car sa valise personnelle a malencontreusement été retirée plutôt que celle qu’ils auraient dû enlever.
Donc on arrive et on attend anxieusement nos bagages afin de connaitre si oui ou non certains pourront « kiter » aujourd’hui. Il est quand même que 9:00 am du matin, une belle journée s’annonce sous les Bahamas.
Première journée de kite
Le mauvais film est par contre en train de se dérouler… Les bagages sont tous sortis de la soute et les gens commencent à venir me voir, bredouilles. Je les dirige vers le comptoir pour les bagages manquants ou endommagés. La file s’allonge rapidement et la seule femme derrière le comptoir, perd rapidement le contrôle de la situation. Afin d’accélérer le processus, car l’autobus nous attend à l’extérieur afin de nous apporter à l’hôtel, elle nous demande de mettre 3-4 personnes par feuille de requête lorsque normalement une seule serait de mise. Nous procédons selon ses bons conseils et je signe toutes les feuilles en tant que responsable. Décompte final à mon très grand désarroi: 16 personnes sans bagage sportif. La moitié de notre groupe de kite sans bagage de kite. Mais, étant une fille positive et un peu crédule, j’accepte le fait que l’on me dise que les bagages rentreront ce soir, demain matin au plus tard par un autre avion. J’explique à tous à nouveau, qu’ils ont en effet le droit de refuser d’embarquer des bagages si le total de leur poid excède la limite permise pour un décollage sécuritaire et que cela a toujours été dit à chaque réunion explicative que l’on faisait. Mais que l’on se le dise! C’était la première fois de ma vie, que je le vivais! Et j’en ai pris des avions!!! Cette théorie venait de passer de mythe à réalité dans ma conception des voyages! Deux nouvelles situations à mettre dans la case expériences de conseillère en voyage. Je dois avouer par contre, que rien n’est facile et garanti pour l’organisation des groupes de Kitesurf. Vous demanderez à Wax combien de fois, j’ai voulu arrêter d’en organiser!
Théobad et ses levés de soleil
Finalement, c’est dans des minivan taxis spéciaux que nous faisons le trajet jusqu’à l’hôtel. Pour plusieurs dans notre taxi, c’est leur première « ride » avec un conducteur à droite. Nous sommes en pays colonisé par l’Angleterre encore une fois! Plusieurs exclamations de Ahhh! et Ohhh! lorsque l’on rencontre d’autres automobiles à sens inverse sur les routes car l’impression que cela donne à chaque entrée de courbe c’est que le face à face est imminent.
En arrivant au Viva Wyndham, une longue file est déjà en place pour le check-in. En fait, comme nous sommes les retardataires, deux autobus provenant de notre avion sont déjà en place. Les serveuses déambulent parmi les touristes et nous offrent un petit cocktail désaltérant. Je dois avouer ici, que le seul point négatif que j’aurais envie de partager sur cet hôtel est le service de check-in à la vitesse tortue. Dans les commentaires de Trip Advisor, on le mentionnait. Mais comme je suis le genre de fille à donner la chance au coureur avant de statuer, j’espérais que ce serait tout autrement pour nous. Je m’étais mise un doigt dans l’oeil. Trouvant le temps trop long, Wax et moi ainsi qu’un petit groupe, allons au bar et au buffet se sustenter.
Vous ne me croirez probablement pas, mais on a été dans les derniers à avoir une chambre, Wax et moi… Il était 17:00 hres passées. Bon, vous savez tous que normalement les chambres se doivent d’être prêtes pour 15:00 hres au maximum et que bien souvent l’hôtelier nous accommode avant. Et bien, ce ne fut pas le cas!!! Par contre, on nous a offert de passer en chambre vue mer à prix plus que raisonnable, ce que l’on a fait pour la plupart du groupe. Et quelle chambre et quelle vue!!! Pour cela, ce fut la belle surprise de la semaine.
Le lendemain fut pour certain une journée de kite en vent léger. Les grosses voiles étaient de mise. 15 m2 en montant ou en hydrofoil. La dominante au Viva Wyndham Fortuna Beach durant notre voyage était bel et bien un vent de l’Est et du Sud-Est comme les statistiques l’annonçaient. Les gars sont partis directement de la plage près de l’hôtel. J’avais bien sûr contacté le gérant avant de négocier cet endroit et il m’avait appris que les plages de chaque côté de l’hôtel étaient publiques donc, nous pouvions y mettre nos kites sans problème! J’étais bien contente à ce moment de cette indication car de plus en plus, les hôteliers limitent les endroits de kite afin de protéger leurs touristes.
Pour ma part, le lendemain fut une grosse journée de travail, pendant que mes pairs féminins profitaient des chaises longues, j’enfilais les appels à un rythme effarant. J’avais deux problèmes de tailles. Un homme sans passeport à Montréal qui espérait revenir, non pas nécessairement pour profiter de son voyage mais pour rendre les bagages à son ami et aussi, tous les équipements sportifs qui étaient supposés arriver par avion-ferry aujourd’hui. Des vols avec Sunwing à Freeport, il n’y en a qu’un par semaine en avril, donc ils devaient se débrouiller pour nous retourner nos kitesurfs d’une façon ou d’une autre.
Wax prêt à immortaliser ces souvenirs avec son Drône
Pour ceux qu’ils ne le savent pas, il est possible de se faire faire un passeport « rush » dans des cas extrêmes. Il y a naturellement un supplément à payer. Tout ce qu’il faut, par contre c’est une preuve de départ. Dans notre cas, le billet de la veille n’est plus valide, donc il faut en acheter un autre. Je reçus donc un appel des Passeports à Montréal me disant que je devais acheter immédiatement un vol aller simple pour Freeport sinon, ils ne lui délivreraient pas son passeport. Aucun vol ce lundi pour Freeport à part le matin, donc malheureusement pour notre homme il perdrait une autre journée. J’achète le fameux billet de retour, +400$ pour notre chum, je le « brief » de long en large sur comment faire une escale, car il n’a jamais pris l’avion, je lui demande de réorganiser les bagages de son ami, car le poids avec Sunwing et la compagnie américaine sont différentes ( ils ne pourraient pas tout uniformiser cela???) et je lui souhaite bonne chance pour le lendemain.
Je reste sans nouvelles de Sunwing, malgré les appels. Impossibles à rejoindre, la ligne interne pour les agents ne fonctionne pas et la ligne du service à clientèle non plus. Beau merdier! Je suis hors de moi. Et je n’ai rien de positif à annoncer à mon monde. Je croise les doigts en espérant une surprise fin de journée… Surprise qui n’arrivera pas, ni ce soir-là, ni le lendemain. Cela aura pris 3 jours et demi nous rendre nos bagages.
Heureusement que le site est enchanteur. Certains ont pu faire du trampoline avec harnais, d’autres ont joué au Volley-ball.
Il y avait même un site de paint-ball ( bon, après avoir été vérifier, on a choisi d’abandonner le projet!!) Nous avons loué le bateau de plongée, un matin sans vent, et ils nous ont apporté vers une petite île corallienne où la faune et la flore étaient superbes. Sur le retour, les gars en manque de kite, ont soudoyé le capitaine afin d’attacher une barre de kite à l’arrière du bateau et faire un peu de wakeboard avec une planche de kite. Comme le vent n’est pas au rendez-vous, il faut bien s’amuser!!!
D’autres, ont été en excursion de plongée sous-marine voir les requins. Des braves, ceux-là!!
Nous avons aussi été visiter une plage de rêve ainsi qu’une réserve faunique. Selon les bahamiens, ce site aurait servi au tournage du premier film Le pirate des Caraïbes.
Gold Rock Beach
Un habitué de la place nous a mentionné qu’il était possible de « kiter » de cet endroit. A marée basse, la plage devient très large et le plan d’eau une immense piscine.
La piscine de Gold Rock Beach
Nous y avons vu pour une première fois de notre vie,Wax et moi, ces organismes bleus qui reposaient sur la plage encore humide de la mer abaissée de Gold Rock Beach.
Ce sont des Vélelles
Pour terminer avec les spots de kitesurf, à deux minutes en taxi de l’hôtel il y a aussi une belle plage nommée Banana Bay où l’on peut partir aisément en kite.
Banana Bay, Freeport
Le vent y entre plus Est favorablement. Il y a un « beach restaurant » où l’on peut manger et boire une bière pour un prix raisonnable. Ambiance décontractée et « chill ». Les bateaux y viennent pour dîner et souper. Il faut les contourner sur ces heures de pointe en Kitesurf.
Semble-t-il qu’il faut manger des « Conch » conques en français si on va aux Bahamas. C’est un genre de mollusque qui se cache dans cette coquille.
Malheureusement, nous n’avons pas eu le loisir d’aller les essayer dans les petits restos du coin.
Comme chaque voyage de groupe de kitesurf, nous avions une soirée thématique déguisée et pour les Bahamas c’était le fluo! Chaque personne se devait d’avoir sa touche fluo.
Wax a même eu droit à une surprise de taille!!! Certains ont de bonnes idées pour leur déguisement!
Donc, pour finir, ce fut un hôtel charmant ainsi qu’un site agréable qui nous a reçu. Le vent n’était pas au rendez-vous cette semaine-là comme nous aurions souhaité, par contre, selon une de nos sources québécoises qui y passe 6 mois par année, nous avons été malchanceux. De plus, nous étions entourés de gens exceptionnels ce qui a rendu par le fait même ce voyage mémorable. Nous nous promettons d’y retourner une autre fois, afin de re-valider les vents. Qui sait? Peut-être serez-vous du voyage avec nous? 🙂
Merci Wax Team!!
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